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Yhsim, je t’aime !…
… …
… … …
Il observa un moment le morceau de pomme de terre piqué dans sa fourchette d’un air boudeur devant tant de manque de réaction – de la part de la patate – avant de lâcher sa fourchette et de laisser lourdement sa tête retomber sur la table.
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J’arriverais jamais à lui dire…Enfin, ce n’était pas qu’il manquait de courage pour le faire… c’était plutôt que Yhsim trouvait toujours un moyen que ce soit un mauvais moment pour le faire. Mauvais karma à répétition…
Il avait fait quoi dans son autre vie pour être maudit à ce point ?
Il soupira.
Son téléphone sonna.
Il chanta la chanson de sonnerie de son téléphone.
Appel manqué.
Oups.
Le téléphone sonna de nouveau.
Il décrocha.
Mauvaise idée.
– ESPÈCE D’ABRUTIS ! ARRÊTE DE CHANTER LA SONNERIE DU TÉLÉPHONE ET RÉPONDS DU PREMIER COUPS IDIOT !
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Je ne fais jamais une chose pareil…– Fou-toi de ma gueule en plus débile de gosse.
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Je raccroche~– Fais ça et je viens au Japon m’occuper de ton cas.
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… – Alors ?
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Je ne raccroche pas.Pour sa survit et s’il voulait avoir un jour la chance de pouvoir se confesser, il ne fallait mieux pas jouer à ça avec Ange.
– Donc, tu as réussit à emballer ton mec ?
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Tu ne m’appelle pas à quatre heure du matin pour ça j’espère ?– A tout les coup que tu dialogue avec une tomate ou quelque chose du genre alors fait pas comme si ça te réveillait.
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… Touché…
Son « oncle » avait un don pour tout savoir même quand il n’était pas là. Il fallait sûrement s’y attendre de la part d’un général des forces spéciales russes avec qui il avait passé autant de temps que son père. D’ailleurs…
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Comment le vieux ?– Toujours pas mort.
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Rassurant.– Il est trop prudent, le cyanure n’a pas marché.
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Tente l’amanite ?– Bonne idée…
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Comment va Lisitsa ?– C’t’un trou du cul, comme toi. Il est pas foutu d’avouer à sa femme qu’il l’aime.
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Catherina est un homme.– C’est pareil.
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C’est ça…– Bonne nuit soldat !
Il cligna des yeux alors que l’appel coupait net et soupira.
Franchement… Pourquoi sa famille était à ce point étrange ?
Enfin, son « oncle » tentait de « tuer » son père depuis que celui-ci avait malencontreusement oublié d’aller à sa fête d’anniversaire. Pour dire la mauvaise volonté de son père, même lui qui habitait au Japon avait fait l’effort de faire le déplacement. Enfin, Ange était particulièrement rancunier…
Et bruyant.
Son père appela.
Il l’ignora.
Sms.
Soupire alors qu’il regardait l’écran.
« Angel veut ma peau, aide-moi »
– Le vieux
« Change de pays. »
– Keita
« Je peux pas faire ça ! Trouves-moi une solution ! Pitié !! »
– Le vieux
« Rest In peace »
– Keita
« Fils indigne…
Comment va ta mère ? »
– Le vieux
« Elle est morte. »
– Keita
« ...HEIN ? Quoi ? Comment ? Pourquoi tu ne m’as dit ?
o.o »
– Le vieux
Nouvel appel mais il l’ignora tout autant que le précédent.
Qu’on ne s’y trompe pas, il adorait son père et sa femme, il aimait plus que tout sa petite-sœur, qui était sa « demi-sœur » en réalité mais il se fichait bien de se genre de détails. Il avait grandit dans un foyer aimant… étrange mais aimant, un foyer où la famille comptait plus que tout. Où chacun était constamment là pour les autres. Peut-être un peu trop parfois. Mais il n’aimait pas jouer au pigeon voyageur entre son père et sa mère alors, si celui-ci voulait des nouvelles de son ex-femme, il n’avait qu’à l’appeler pour lui demander au lieu de lui poser la question à lui.
Il rangea son plat, n’étant finalement pas motivé à manger plus que ça et entreprit tout de même de se faire un café avant de se coller dans le canapé, devant la télé, emmitouflé dans un plaid.
Il avait quitté sa famille paternelle et la Russie à ses quinze ans suite à un accident. Enfin « accident »… c’était la version officielle pour sa mère qui l’avait récupéré par la suite.
La vérité c’est un groupe l’avait prit en otage pour faire plier Ange, ayant par hasard apprit le nom de famille malgré les précaution prise. A se défendre, il eut de nombreuses blessures mais la pire fut reçu par son œil alors que les secours arrivaient.
Son œil est encore visible même si une mauvaise blessure l’entoure mais est d’un blanc dérangeant… il a totalement perdu la vue de cet œil là.
Tous avait donc convenu qu’ils devaient partir au Japon retrouver sa mère pour effectuer sa convalescence au calme et finalement, il n’avait plus quitté le pays du soleil levant.
Le téléphone sonna de nouveau, sa mère cette fois.
Il eut une grimace.
Pour sa survit, il fallait qu’il réponde…
Il alluma l’enregistreur et décrocha…
– Bonjour mon fils !
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Bonjour m’man– Comment vas-tu ?
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Bien et toi ?– Super bien mais dis-moi, tu compte repasser au Dojo bientôt ?
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Oui…– Tu sais que tu ferais un bon instructeur ?
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Oui…– On a toujours une place pour toi si tu veux quitter ce travail !
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Oui…– Pas que tu sois un mauvais professeur, tu es vraiment passionné par ce que tu fais ! Mais j’aimerais bien avoir mon fils avec moi…
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Oui…– Keita ?
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Oui…– Tu te marie demain avec Yhsim ?
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Oui…– Tu mettra une robe ?
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Oui…
– NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !Il sauta sur l’enregistreur pour le couper, récupérant son portable en catastrophe et se brûlant avec le café au passage.
– Keita…
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Pardon m’man mais… tu as vu l’heure ?– Peut importe. Dis-moi pour Yhsim…
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Non je ne lui dirais pas pour l’instant.– Cela te rends triste de ne rien lui dire.
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Je préfère ça à le rendre triste lui…– Tu es mon fils… je veux que tu prennes soin de toi. Tente de dormir un peu.
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Oui…– Keita !
Il rit, elle aussi et ils raccrochèrent.
Pourquoi l’ennuyait-ils tous ainsi ? Ils lui diraient… mais il voulait être sûr d’être cru et puis… prendre soin de lui lui allait pour le moment… enfin… il avait l’impression de tellement échoué à cette tâche… a chaque tentative de Yhsim, cela lui brisait le coeur.
Peut-être devrait-il tout lui dire finalement et voir ?
Il bâilla avant d’aviser l’heure plus que… matinal. Il n’avait pas réussit à dormir de la nuit et son levé officiel pour se préparer à aller en cours – en tant que professeur de mathématiques – était dans deux heures. Enfin, il aimait son boulot, il aimait sa matière et il aimait Yhsim, son collègue.
Alors cela serait forcément une bonne journée.