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The monster is me [pv Yuki]
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Anonymous

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Sam 20 Mar - 3:11



Lundi 17 février 2110

Je ne me sens pas bien. Je me sens très fatigué alors que ça allait encore il y a quelques minutes. J’ai froid aussi alors qu’avant j’avais beaucoup trop chaud. C’est parce que j’ai transpiré, non ? Je n’ai qu’une idée fixe en tête malgré tout ce que peut me dire Shan : je ne suis pas malade. Ce n’est pas possible. Que cette personne soit sûre de ce qu’elle prétend savoir ne change rien du tout. Je ne peux pas être malade. Quand je suis blessé, mes parents ne me soignent pas parce que celles-ci sont le fruit de mes punitions. Elles ne méritent pas qu’on s’attarde dessus, tout comme je ne mérite pas la moindre considération puisque je suis une des pires personnes que la terre ait porté. Mais je suis persuadé que si j’avais un autre genre de problème, mes parents feraient en sorte de m’aider. Pourtant… il est vrai que personne n’a jamais prêté attention à ce que dit Shan même lorsqu’il hurle. Je pense que c’est surtout car personne ne veut le comprendre ou l’écouter. Il est peut-être plus intéressant de s’en prendre à moi ? A moins qu’ils aient compris que cela nous déplaît énormément ? Je suis perdu. Mais je ne suis pas malade ! Jamais je ne l’accepterais !

Penché sur Shan, je n’arrive pas à faire attention à ce qui se passe autour de moi. De toute façon, depuis qu’il s’est assis, le garçon aux cheveux clairs n’a pas bougé du tout. Alors pourquoi le ferait-il maintenant ? Pour m’attaquer… Je ne vois que cette possibilité et je suis partagé entre deux sentiments concernant cette possibilité. Avant toute autre chose, la peur prédomine. Même si j’accepte mes punitions quitte à me les infliger moi-même, je déteste la douleur. J’aimerais devenir une bien meilleure personne pour ne plus ressentir cette sensation déchirante qui semble avoir une répercussion plus profonde. Comment l’expliquer ? Je n’y arrive pas… La seconde est l’indifférence. Dans mon état, je suis incapable de me défendre ou de fuir. Je le sais. Je l’ai déjà vécu à la maison et mon inactivité a mis très en colère mon père qui m’a puni de plus belle jusqu’à ce que j’ai une véritable raison de ne pas lui répondre que j’allais tout faire pour tout améliorer. Mais rien de ce que je peux imaginer ne survient. Aucune douleur alors que je sens de la fraîcheur sur mon front. Cette sensation agréable est bien trop courte…

Je ne lève pas les yeux. Je pense savoir de qui il s’agit. J’ai même l’impression d’en avoir la confirmation par Shan qui tente désespérément de faire partir cette personne dont je ne connais toujours pas le nom. Des demandes qui ne sont pas écoutées malgré qu’elles soient hurlées. Il ne peut pas ne pas les entendre. C’est impossible. Personnellement, j’ai l’impression que chacun des mots du chat de fortune serré contre moi résonne dans ma tête. C’est douloureux et désagréable. Pourtant, je ne me plains pas. Je n’en ai pas le droit. Ce n’est pas bien. Pourtant, l’envie ne me manque pas alors que je sens des bras me manipuler pour me soulever de terre sans accroc. La douleur devient lancinante au point de me faire grommeler doucement. J’aimerais beaucoup me débattre. J’ai peur. Je ne sais pas ce qu’il compte faire de moi maintenant. Mais je suis incapable d’esquisser un geste par crainte de subir une conséquence que je serais dans l’impossibilité de gérer. De même que articuler le moindre mot me demande un effort considérable dans cette situation : je suis tétanisé.

Yuki ! Réagis.

Je ne peux pas… C’est impossible dans mon état. J’ai bien trop peur…

Il pourrait te faire du mal là où il t’emmène ! Bouge, Yuki !

Impossible… Je ne souhaite que du calme et que ces bras soient ceux de Aiji. Il n’y a que lui qui parvient à me donner un sentiment de sécurité. Actuellement, je sais que ce n’est pas lui. Je ne reconnais pas son odeur sur les vêtements qui sont sous mon nez. Et j’ai entendu la personne, celui qui a blessé un autre garçon, demander à Cyfer de lui montrer le chemin. Vers où déjà… ?

Le trajet n’est pas bien long. Enfin, c’est ce qu’il me semble. Sans qu’aucun problème ne survienne et sans qu’il ne me soit rien fait, je suis déposé sur un matelas. Je suppose qu’il s’agit d’un lit. Assis, je regarde rapidement autour de moi en passant une main sur mon visage. Une… infirmerie ? Non loin de là, celui qui prétend que je suis malade cherche dans une armoire. Il la ferme pour aller chercher un verre d’eau dans lequel il verse quelque chose. Cela va-t-il recommencer ? Je n’ai pas confiance. Alors quand il revient pour me donner le fameux verre, je recule doucement dans les couvertures, plaçant également mes jambes au plus près de mon corps. Shan est serré contre moi, toujours. Mais il n’arrête pas de gigoter en criant après ce mec. Je n’arrive pas à me concentrer. Mes yeux apeurés sont fixés sur le verre. Je ne veux pas en boire le contenu. Je ne sais pas ce que c’est. Si ça se trouve, c’est comme ce que me donnent mes parents parfois…

Je le laisse parler. J’ai mal à la tête et je frissonne un peu. Mais ce n’est pas à cause de ce qu’il me dit. En fait, ce doit être autre chose. Et, sans réfléchir parce que j’en suis actuellement incapable, je marmonne toujours en cachant ma bouche derrière le chat de fortune qui ne cesse de s’exciter sans plus parler :

… pas com’toi… … J’suis… pas malade…


Doucement, je cache mon visage entièrement derrière mon meilleur ami qui semble enfin se calmer. Il est tendu, je le sens. Je ne suis pas serein non plus. A vrai dire, j’ai tant envie de pleurer… Mais je retiens mes larmes de toutes mes forces. Cela ne sert à rien. A part peut-être énerver les autres. Ces mêmes autres qui sont bien meilleurs que moi. Finalement, peut-être devrais-je devenir comme cette personne avec moi. Même s’il fait de mauvaises choses, il doit être bien meilleur, non ? Même Aiji est une meilleure personne que moi… Mille fois meilleur...
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Yubel Von Sleben

Yubel Von Sleben

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Sam 20 Mar - 16:00
Tu n'accuses personne de son état, tu ne le connais pas pour pouvoir juger. Mais simplement, tu sais qu'il traverse la même chose que ce que tu as subi étant enfant. Quelqu'un de son entourage s'amuse à le torturer, à le manipuler, à souffler le chaud et le froid pour semer la confusion dans son esprit. Jusqu'à le briser, jusqu'à l'achever. Qui que soit cette personne... tu as bien envie de leur faire subir la même chose que tu as enduré. Toutes les privations, les insultes, les coups. Et c'est un énorme effort de ta part qui te pousse à résister à cette tentation.

Tu n'aurais jamais cru que tu finirais par croiser quelqu'un qui traversait la même chose que toi, presque à l'identique. Tu te doutes bien qu'il doit y avoir des différences entre vous deux, mais les similarités sont trop grandes. Bien trop grandes pour que tu puisses continuer à les ignorer. Et hélas, ce n'est pas son "Shan" qui va franchement l'aider... ce n'est qu'une peluche, tout au plus un chat. Et un petit chat comme ça ne saura pas se défendre.

Tu as envie de gronder lorsque tu le vois refuser de prendre le verre. Et étrangement, cela réveille de nouveaux éclats de voix dans ton esprit malade. Une voix hystérique, qui te hurle d'avaler ce qui t'est donné. Qui te dit que tu n'auras rien d'autre tant que tu feras ta forte tête... tu sais d'où vient cette voix. De ton passé dans cet Enfer.


"… pas com’toi… … J’suis… pas malade…"

Tu considères un instant l'option de lui arracher sa peluche de malheur, de lui pincer le nez et de lui faire avaler le contenu du verre de force. Tu sens cependant la poigne délicate de Cyfer sur ton bras, comme s'il essayait de te retenir sans vraiment te faire mal. Message reçu, mauvaise idée.

"En attendant, t'as de la fièvre. Et si tu avales pas ça, ça passera pas. Une fièvre constante, c'est mauvais. Je sais de quoi j'parle."

Tu lui tends toujours le verre, te demandant si tu dois tout lui raconter maintenant, ou attendre qu'il cesse de faire sa forte tête.

Un peu plus de diplomatie passerait sans doute mieux, non ?

Sauf que de vous deux, c'est Cyfer le plus diplomate. Et tu sais que Cyfer n'aime pas se montrer lorsqu'il n'est pas sous son meilleur jour physiquement. Tu jettes un bref regard autour de toi, avisant une chaise non loin. Dès qu'il daignera prendre le verre, tu pourras t'y installer.

"Et c'est mieux de faire passer la fièvre. Sinon, ça va empirer, tu pourras plus bouger. Et ils devront te ramener chez toi..."

Dans l'Enfer qu'il devrait fuir.

"Crois-moi sur parole, être ici n'est pas génial quand on est malade comme moi."

Peut-être devrais-tu lui raconter ?

Plus tard... lorsqu'il sera conciliant.
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Jeu 1 Avr - 3:24



Lundi 17 février 2110

Je ne peux pas croire que je sois comme il me le dit. Je ne comprends pas non plus pourquoi il veut me donner ce verre. Je me demande ce qu’il y a dedans. Mais je n’arrive pas à trouver des réponses. Ma concentration n’est pas correcte. J’ai peur d’être comme certains moments avec mes parents. Une fois, Aiji m’a vu alors que j’étais bizarre. Comme je veux le voir, je ne dois pas prendre le risque qu’il me voit comme ça. Puis, je tiens à me rappeler de tous les moments que je passe avec lui. Ils sont bien, ils me donnent l’impression que rien ne va mal dans ma vie. Si seulement je pouvais toujours rester à ses côtés… Malheureusement, il n’est pas là. Seul ce garçon qui a blessé un autre élève est avec moi. Celui qui dit que je suis malade et qui me tend ce verre. J’ai peur de lui. Mais, aussi, je crois que je suis énervé après lui à cause de ce qu’il m’a dit. J’ai peur de le montrer. Je n’ai pas le droit de ne pas être content. C’est mal. Surtout quand ce sont des adultes avec qui je parle. Il n’en est pas un. Enfin, je crois… ? Mais il reste une personne que je ne connais pas et je dois le respect à tout le monde. M’énerver encore serait mal car ce serait de l’irrespect. Ce sont mes parents qui me l’ont appris. Comme ils n’ont jamais tort, je me dois d’obéir à cette règle, même si c’est difficile.

Je ne regarde pas le garçon aux cheveux plus clairs que les miens. Mais je l’entends encore. De la fièvre… Tout comme Shan il y a un petit moment, il prétend que j’en ai. Je n’en sais rien, donc je ne peux pas lui donner tort. Quel rapport avec le verre qu’il a dans la main ? Silencieux, j’écoute ce qu’il me dit, mais je ne sais pas trop quoi en penser. Mes parents n’ont jamais vraiment fait attention quand je me sentais comme ça. Je ne devais juste pas les embêter parce que ça allait passer. Pour le moment, c’est toujours passé, je ne sais pas trop comment. Alors, je dois juste attendre, non ? Lui, il affirme qu’il ne faut pas rester comme ça sinon c’est mauvais, donc que je dois boire ce qu’il y a dans le verre. Pourquoi pense-t-il savoir plus que les autres ce qu’il faut faire ?

Bon ! T’arrête d’me prendre pour une barrière ?

Shan… Ce n’est pas étonnant qu’il me dise ça puisque, depuis tout à l’heure, je me cache derrière lui alors qu’il était le premier à vouloir partir au plus vite. Un conseil que je n’ai pas suivi par incapacité à bouger. Je suis vraiment pitoyable ! Mais même si c’est le cas, je ne me sens pas capable de faire autrement. Pas maintenant. Pas tout de suite. Je me sens trop mal et j’ai l’impression qu’être dans le noir est comme apaisant. Pourtant, quelque chose ne me permet pas de me détendre. Le silence. Il commence à durer, si on ne compte pas le chat de fortune qui ne cesse de s’agiter de plus en plus. J’ai mal à la tête… Doucement, comme timidement, je sors mon visage du dos de mon meilleur ami pour regarder ce qu’il se passe. Il est partit ? Non… Il est toujours là mais il semble intéressé par autre chose.

C’est bon ? T’as arrêté d’faire ton peureux ?

Non, puisque je suis toujours terrifié de ce qu’il peut y avoir dans ce verre qu’on continue de me tendre. D’ailleurs, celui qui l’a préparé me regarde de nouveau et recommence à parler. Il veut que je le croie quand il me dit qu’il faut faire baisser la fièvre, mais aussi qu’être “ici” n’est pas une bonne chose. Je ne suis pas sûr de comprendre tout ce qu’il me raconte. D’un autre côté, je ne suis pas certain de pouvoir lui faire confiance comme il le voudrait. Pourquoi m’aider ?

Si tu crois qu’il va prendre ta m*rde tu t’foures l’doigt dans-… Yukiii !!

Sans prendre en compte l’avis et la méfiance de Shan, qui est pourtant légitime puisque nous ne connaissons pas du tout cette personne. Ni son nom, ni son âge… Seulement qu’il est ici parce qu’il est schizophrène, apparemment, et qu’il a un ami qui s’appelle Cyfer qu’il est le seul à entendre. Rien qui puisse m’aider à lui faire confiance. Pourtant, tremblant, pas du tout rassuré, je finis par prendre le verre de mes deux mains en calant le chat dans mes bras et regarde son contenu un instant en silence. A côté de moi, il y a du mouvement, mais je n’y fais pas du tout attention.

Tu vas pas boire ça ?

Je grimace mais, si, je bois le contenu du verre cul sec. Je déteste le goût qui me tire une grimace de dégoût plus prononcée le temps d’un instant. Mais je ne dis rien. Les yeux dans le vagues alors que Shan me harcèle d’un sermon aussi long que pénible, je regarde le fond du verre en tremblant. C’est vrai que je viens de prendre un risque et c’est pourquoi j’attends de voir si je ressens des trucs bizarres. Je ne sais pas trop lesquels, à vrai dire. Cela dépend de ce que j’ai bu. Cela change souvent… et je ne m’en rends jamais compte. Après tout, c’est Aiji qui m’a appris ce qu’est la drogue. Puis, en plus de ça, le garçon n’est pas parti, donc je suppose qu’il veut encore parler. Ou pire. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux rien faire.
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Yubel Von Sleben

Yubel Von Sleben

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Jeu 1 Avr - 22:35
Tu attends, avec le peu de patience dont tu es capable. Heureusement que Cyfer te retient, sinon tu lui aurais fait avaler de force le contenu du verre. Et tu sais que tu en es capable, peu importe ce qu'on peut croire. Tu es capable de bien pire que cela à vrai dire... et l'autre élève que tu as agressé tout à l'heure peut le confirmer. Tu attaques sans pitié, souvent pour un prétexte futile. Tu n'hésites pas à t'en prendre à possiblement plus fort que toi, et tu ne connais aucune limite.

Tu devrais néanmoins te montrer conciliant... n'oublie pas ce qu'il traverse et le fait qu'il est actuellement fiévreux...

Tu attends toujours, et ta patience est finalement récompensée lorsque le blondinet daigne enfin prendre le verre. Tes mains libres, tu pars chercher la chaise que tu avais repéré avant de t'y installer, t'accroupissant sur l'assise au lieu de t'asseoir comme il se doit. Tu n'as de comptes à rendre à personne sur la manière dont tu prends place sur une chaise, surtout que tu n'es pas en cours. Alors qu'on te fiche la paix avec ça.

Tu sais que tu me fais penser à ces élèves qu'on dit racaille ?

Visiblement, ta posture amuse Cyfer qui tourne un peu autour de toi en t'observant sous divers angles. Tu le suis brièvement du regard, avant de reporter ton attention vers le gamin... qui a décidé de te faire confiance et a bu l'intégralité du verre. Tu n'es pas idiot, tu n'as rien mis de trop fort dedans, juste de quoi faire baisser la fièvre et calmer la douleur. Car tu as vu les traces rouges, et tu te dis que ça doit le faire souffrir.

"... J'veux pas savoir qui est responsable. Je m'en fiche."

Tu désignes d'un geste les blessures que tu devines cachées sous ses habits. Pas seulement les coupures, mais aussi le reste. Tu n'es pas idiot, tu sais qu'il doit subir bien plus que ce qu'il laisse entrevoir. Peut-être pas à être enchaîné comme toi, peut-être pas à te faire frapper jusqu'à en perdre connaissance...

"Ce que je sais en revanche, c'est que tu dois fuir cet Enfer dans lequel tu vis. Trouver de l'aide."

Tu as vécu dans un endroit similaire. Tu sais ce que cela fait.

"Avant qu'il n'aille plus loin encore. Avant qu'il ne s'en prenne à ceux à qui tu tiens."

Tu penches la tête sur le côté, une expression neutre sur le visage.

"On a voulu faire de moi un pantin, on a voulu me détruire. Mon seul tort : exister. Vivre. On m'a traîné dans un Enfer."

Si je n'avais pas été là, qui sait ce que tu serais devenu...
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Ven 2 Avr - 3:02



Lundi 17 février 2110

C’est vraiment très rare que je sois obligé de boire ce genre de choses. Souvent, ce sont mes parents qui me le donnent en me disant que c’est pour mon bien. Ils n’ont jamais tort et ils ne me veulent pas de mal, donc je l’ai toujours bu sans me poser de question. Même si cela allait me donner des sensations bizarres, même si ce n’était pas bon… Je leur fais confiance et je sais qu’ils m’aiment. Tout ce qu’ils font c’est pour mon bien. Si je n’en ai pas besoin, ils ne le feraient pas. Actuellement, cela ne m’est pas donné par eux, mais par un étranger. Je ne connais pas son nom et je sais qu’il peut blesser les autres. Je l’ai vu faire. C’est pourquoi j’ai beaucoup de mal à lui accorder ma confiance. Finalement, c’est la peur qui m’amène à boire le contenu du verre qu’il m’a préparé. Le goût de ce médicament, je ne l’aime pas. Ce n’est pas comme ceux que j’ai l’habitude de prendre. Cela me fait plus peur que si cela avait été le cas puisque, même s’il prétend que c’est pour ma fièvre, rien n’est fait pour me faire croire qu’il est incapable de me mentir pour unne raison ou pour une autre. Shan est tout aussi suspicieux que moi et marmonne que s’il m’arrive quelque chose maintenant je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Mais, si je ne l’avais pas fait, que me serait-il arrivé ? Il aurait pu m’attaquer… et personne n’est là pour m’aider.

Pendant ma réflexion destinée à peser le pour et le contre, le garçon est allé chercher une chaise un peu plus loin. Maintenant, du coin de l'œil, je peux le voir accroupi sur celle-ci, non loin de moi. C’est une drôle position qui me fait un peu penser à celle que j’ai actuellement. La plus grosse différence, hormis celle de nos assises, est que je suis plus avachi que lui. Je ne m’attarde néanmoins pas sur lui. J’ai bien trop peur que cela vienne l’énerver alors que ce n’est pas mon but. Même avec d’autres, cela n’a jamais été le cas, pourtant ils se sont énervés sur moi de différentes manières. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, mes parents m’ont également dit que ce n’est pas bien de regarder trop longtemps les autres dans les yeux. Si je veux être une bonne personne, je dois faire attention à ça.

Mon regard est ainsi fixé sur le verre désormais vide et, pour garder le silence tout en supportant celui de l’infirmerie, j’essaie de deviner le nombre que je peux percevoir. Je ne bouge pas l’objet pour ne pas laisser paraître mon action. De ce fait, il m’est très difficile de deviner quels sont les chiffres que je perçois puisque leur forme arrondie est très similaire l’une de l’autre. J’essaie ainsi de me concentrer pour mieux voir et ne pas écouter le chat qui n’arrête pas de marmonner désagréablement. Une concentration, une fixation, telle que je sursaute en entendant à nouveau la voix de la personne à mes côtés.

Sérieux, t’es vraiment qu’un trouillard ! Mais j’peux comprendre qu’tu sois pas serein vu l’bestiaux...


Je préfère écouter l’humain que mon meilleur ami bien que ce dernier soit plus simple à comprendre que le premier. Doucement, je porte une main à mon épaule douloureuse comme si cacher que je suis blessé était encore utile. Cela ne l’est pas du tout étant donné que mon interlocuteur l’a bel et bien vu. Ce n’est pourtant pas ce qui l’intéresse. Pas plus que les autres qui constellent mon corps. Les signes que j’ai été punis par mes parents, ou moi-même si on s’intéresse un peu plus aux marques sur mes bras. Au lieu de ça, il me dit que je dois… quitter mon enfer ? Que veut-il dire ? De quoi il parle ?

Parle japonais mec !! On comprend rien !!

Personnellement, je ne dirais pas “rien” puisqu’il me semble qu’on m’a déjà dit certains trucs. Mais il est vrai que j’ai du mal à saisir le message principal. Qu’est-ce que l’enfer pour lui ? Pourquoi en aurais-je un ? Et quel est le lien avec les personnes que j’aime ? Doucement, je serre un peu plus Shan contre moi tout en pensant à Aiji. Mes parents aussi, je les aime, mais je sais que je n’ai pas besoin de les protéger. Ils sont bien plus forts que moi. Alors je doute qu’ils puissent souffrir à cause de quoi que ce soit. Et… pourquoi lui aussi il n’a pas le droit d’exister ? Ça ressemble… à ce que m’a dit monsieur Kisanagi, non ?

Yuki, te laisse pas embobiner. On sait toujours pas c’qu’il nous veut.

Doucement, je hoche la tête à l’intention de mon meilleur ami. Puis, timidement, je regarde un peu le garçon près de moi. J’ai l’impression que sa tête est un peu penchée sur le côté. Il a l’air… calme ? Je n’en suis pas sûr. Je ne le connais pas donc je ne peux pas deviner ses mimiques. Je n’aime pas ça… Mais il n’a pas l’air en colère. C’est grâce à cela que j’arrive à me décider à lui demander à mi-voix, craintivement :

Euh… … C’est… c’est quoi… mon enfer ?


Je me mords la lèvre en regardant à nouveau mon verre pour éviter de le fixer. Puis, après un instant, à cause des doutes qui me font trembler légèrement, j’ajoute sur la même intonation :

Tu… Tu dis que t’as le tien… mais… mais je comprends pas… T-tu veux dire quoi ? Pourquoi… ça ferait du mal à… à Shan et Aiji ?

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Yubel Von Sleben

Yubel Von Sleben

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Ven 2 Avr - 22:03
Ta position sur cette chaise est certes étrange pour n'importe qui de normal. Même pour une bonne partie des internés, en fait... mais toi, tu te trouvais confortable ainsi. Tu pouvais à tout moment bondir pour saisir le moindre objet dont tu aurais besoin pour te défendre, pour attaquer, ou même pour fuir. Tu peux donner l'impression d'être nonchalant par moments, mais tu es en réalité souvent sous tension, et en majorité à cause de tes maladies. Cyfer est là pour jouer l'apaisant, pour te retenir et t'empêcher d'attaquer quiconque se trouve sur ta route.

Cyfer qui d'ailleurs pouvait lui aussi se montrer violent si l'envie et surtout la nécessité lui prenait. Il t'en avait bien montré la preuve lorsqu'il s'en était pris à tes geôliers. Qui aurait pu croire qu'un gamin de 11 ans soit capable de telles ressources, une fois mû par la haine ? Bien que l'effet de surprise avait certainement beaucoup joué.


"Euh… … C’est… c’est quoi… mon enfer ?"

Tu dois avouer que tu es un peu surpris de l'entendre parler de nouveau. Tu avais cru l'espace d'un instant qu'il avait avalé sa langue, ou qu'il était devenu muet.

Tu sais que ce n'est pas possible d'avaler sa langue...

Façon de parler.


"Tu… Tu dis que t’as le tien… mais… mais je comprends pas… T-tu veux dire quoi ? Pourquoi… ça ferait du mal à… à Shan et Aiji ?"

Il ne comprenait pas, évidemment. Quand on y avait les pieds, on ne réalisait pas la gravité de la situation. Sans bouger de ta posture, tu fixes longuement le blondinet, toujours avec ce même air neutre. Aiji... ce nom te dit vaguement quelque chose. Tu l'as possiblement entendu dans une conversation, quelque part.

"Ton Enfer, c'est l'endroit où tu es ainsi maltraité. J'ai eu le mien étant enfant. Sans Cyfer, je n'en serais possiblement jamais sorti."

Je dois admettre que j'ai adoré les terroriser, ces deux là~

Tu fermes les yeux, tandis que tu sens Cyfer poser ses mains sur tes épaules. Tu devines qu'il veut mieux observer ce gamin.

"Pourquoi ça leur ferait du mal ? Parce qu'étant impuni de ses actes, parce que voyant que physiquement tu n'es pas brisé, ton bourreau continuera jusqu'à te briser mentalement. Et cela implique s'en prendre à ceux qui te sont chers."

Tu rouvres à moitié les yeux, fixant le vide. Tu n'avais rien fait, rien demandé. Tu étais juste le plus adorable des petits garçons.

"Je suis passé par là. Les coups jusqu'à ce que je m'évanouisse. Les repas consistant en un verre d'eau et un morceau de pain, parfois supprimés par punition. On me criait dessus quand je pleurais, et quand je ne pleurais pas. Je dormais enchaîné à la cave, par tous les temps. On ne me soignait même pas, ou juste assez pour s'assurer que je leur "claque pas dans les pattes" comme ils disaient."

Eté comme hiver. Pluie comme neige. Tu grelottais de froid, de faim, de fièvre.

Heureusement qu'une souris passait par là et m'a transmis ton besoin d'aide...

"J'avais trois ans quand on m'a arraché à une personne qui prenait soin de moi, pour me confier à des tortionnaires."
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Sam 3 Avr - 3:28



Lundi 17 février 2110

Je ne comprends pas ce que cette personne veut me dire. Quel est cet enfer dont il me parle ? Pourquoi en aurais-je un rien que pour moi ? Enfin… peut-être parce que je suis une mauvaise personne, justement. C’est la seule réponse logique que j’arrive à trouver avec ce que je sais. Ensuite, et peut-être le plus important à mes yeux, pourquoi cela pourrait nuire à Shan et Aiji ? Pourquoi auraient-ils des problèmes à cause d’un enfer qui serait pour moi ? J’ai l’impression que tout cela n’a absolument aucun sens. C’est pourquoi j’ai besoin d’avoir des réponses. Sans ça, comment pourrais-je seulement croire en ce qu’il me dit ? Déjà qu’il prétend que je suis malade… Avec la maladie au nom barbare que j’ai du mal à prononcer contrairement à Shan. Comment fait-il d’ailleurs ? Et celui qui est accroupi sur la chaise à côté de moi, comment peut-il savoir ce que j’ai ou non ? J’ai mal à la tête… Je me pose beaucoup trop de questions alors que je suis incapable d’avoir des réponses par moi-même. Shan se frotte un peu la tête sur mon front. Je croit qu’il essaie de me réconforter en silence même s’il a plus tendance à râler depuis un moment. J’apprécie son geste. Cela montre que même si on s’engueule plus qu’on ne le voudrait, il est toujours là pour moi et qu’il voudrait seulement que j’aille bien. Pour une fois…

Ne souhaitant pas faire quelque chose de mal, je fixe mon verre dans le silence qui est tombé. A quoi peut bien penser cette personne ? C’est lui qui m’a mit tant de questions dans la tête ! J’aimerais donc qu’il réponde au moins à quelques unes d’entre elles pour m’aider à comprendre un peu mieux ce qu’il me dit. Je ne suis pas très intelligent, malheureusement. Mais je peux essayer de me faire un avis sur tout ça s’il le fait. Je suis certain que c’est possible, pourtant j’ai l’impression d’attendre bien plus longtemps que je le souhaiterais une réponse de sa part. Et, quand je l’entends à nouveau parler, je sursaute. Un peu comme je m’y attendais plus.

Ca fait pas si longtemps qu’ça qu’il a pas parlé, Yuki…

Pourtant, j’ai la très nette impression que cela fait une éternité qu’il l’a fait. Et, maintenant, il essaie de me faire comprendre ce qu’il veut dire pas “enfer”. Pourquoi pense-t-il que je suis maltraité ? Ce n’est pas le cas. Du coup, je suis persuadé que, encore une fois, il dit n’importe quoi comme lorsqu’il m’annonçait que je suis schizophrène. Je ne peux pas lui enlever qu’il sait sans doute de quoi il parle s’il a vécu quelque chose comme ça, et je suis triste qu’il ait eu une enfance difficile, mais je ne pense pas qu’il puisse prétendre connaître ma vie. Je préfère néanmoins ne pas dire ce que je pense sur le coup. J’ai peur qu’il puisse mal le prendre.

Ce qu’il dit n’est p’t-être pas con, en vrai.

Je ne comprends pas pourquoi Shan donne autant de crédit à ce que cette personne dit. Je le regarde donc avec une mine légèrement déconfite un instant. Je cesse de le faire lorsque le garçon aux cheveux plus clairs que les miens répète ma seconde question. Cette fois, je n’écoute que d’une oreille. Quel intérêt ? Si cet enfer dont il parle ne me concerne pas, alors Aiji et Shan ne risquent rien. J’essaie de m’en persuadé alors que, pour une fois, c’est le chat de fortune qui est très attentif à ce qui est dit. Tant et si bien qu’il finit par hocher la tête en répondant :

Ca s’tient c’que tu dis. Il est plus facile de briser quelqu’un en détruisant c’qu’il aime qu’en s’en prenant directement à lui.


Doucement, je pousse un soupire. Pourquoi doit-on parler de ce genre de chose ? Je n’en vois pas du tout l’intérêt. Du moins, c’est le cas jusqu’à ce qu’il commence à me faire une liste de ce qu’il a vécu. Beaucoup des points qu’il énumère font écho avec ce qui arrive à la maison.

Respire, Yuki !

Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais cessé de respirer le temps de quelques secondes. Les mots de Shan m’ayant aidé à le remarquer, je recommence à respirer doucement alors que je tente de mettre de l’ordre dans mes idées. Pourquoi aurions-nous vécu la même chose ? Ce n’est pas logique… Lentement, je tourne la tête dans la direction de mon interlocuteur pour le regarder. Je ressens de la peine, de l’incompréhension et de l’appréhension. Trois émotions qui transparaissent sur mon visage et dans ma voix alors que je tente d’exprimer le fil de mes pensées :

Mais… je… enfin…


Du calme, prends l’temps avant de parler.

Mais il… Shan… il vit tout…


Et il doit rien comprendre à c’qui te tracasse puisque tu t’exprime pas clairement.



Doucement, je tente de prendre un inspiration pour expirer lentement par la bouche. C’est dur et je me sens trembler un peu plus que c’était déjà le cas. Mais cela m’aide tout de même à me calmer assez pour que je puisse parler un peu plus clairement qu’avant :

Tu… t-tu dis que… que c’est de… de… de la “maltraitance”...


C’est bien, tu peux l’faire !

M-mais… mais mes parents… i-ils me font ça parce… parce que je suis une m-mauvaise personne... … I-ils… ils veulent pas me… me faire du mal…


Je n’en dis pas plus, ne sachant plus que penser de tout cela. Tout cela m’est très difficile et gérer la panique en plus de la fièvre qui baisse très lentement grâce au médicament ne m’aide pas franchement. Je parviens néanmoins à faire le parrallèle avec ce que monsieur Kisanagi m’a dit quand je l’ai rencontré. Lui aussi avait vécu l’enfer à l’école. Lui aussi connaissait tout ça. Enfin… de ce que je l’en rappelle. Et, surtout, lui aussi disait que ce que je vis n’est pas parce que je suis une mauvaise personne. Aiji aussi dit tout ça, même si c’est plus dur avec lui. Mais je n’arrive pas à croire qu’ils ont raison. Ils m’aiment ! Il faut que mes parents m’aiment...
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Yubel Von Sleben

Yubel Von Sleben

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Sam 3 Avr - 21:49
Tu n'aurais jamais cru que tu rencontrerais quelqu'un comme toi. Quelqu'un qui vivait aussi dans un Enfer, quelqu'un qui était aussi manipulé et torturé, quelqu'un qui n'avait pas eu ta chance pour l'instant. Quelqu'un qui n'avait pas pu se libérer de ses chaînes, attaquer ses bourreaux, quelqu'un à qui on n'avait pas proposé un autre chemin que celui d'être pour toujours le pantin d'un autre.

Même si la manière dont je me suis présenté n'était pas des plus... conventionnelles, est-ce que tu regrettes de m'avoir connu ?

Pas le moins du monde. Sans Cyfer, qui sait dans quel état tu serais... peut-être comme lui, couvert de blessures, incapable de hausser la voix. Ou pire encore, enchaîné dans cette cave humide.


"Mais… je… enfin… Mais il… Shan… il vit tout…"

Vos situations sont encore plus proches que tu ne l'aurais songé. Il vivait donc réellement ce que tu avais enduré... et de savoir cela te donne une profonde envie de savoir qui. Qui agit ainsi. Pour qu'à la nuit suivante, le Docteur enfile son masque et aille "soigner" ce tortionnaire.

Le Docteur... Oui, seul un Docteur peut soigner pareille déviance. Seul un Docteur peut les guérir.

Cyfer approuve tes pulsions de violence, ce qui est inhabituel. La dernière fois, c'était lorsque vous étiez tombé sur ce groupe de garnements qui attaquait un rat. Et si toi et lui, vous étiez détesté car vous étiez des rats ? De gentils adorables petits rats, qui n'avaient rien fait de mal de plus qu'exister.


"Tu… t-tu dis que… que c’est de… de… de la “maltraitance”..."

Tu ne vois pas quel autre terme employer. A part peut-être de la barbarie, de la torture. Ce qui revient à la même chose, plus ou moins.

"M-mais… mais mes parents… i-ils me font ça parce… parce que je suis une m-mauvaise personne... … I-ils… ils veulent pas me… me faire du mal…"

Tes pupilles se rétrécissent légèrement en entendant cette phrase, bien qu'il faudrait vraiment être juste en face de tes yeux pour le remarquer. "Une mauvaise personne". C'est ce qu'on disait de toi aussi, au départ. Que tu étais mauvais, qu'il fallait te "corriger".

"C'est leur expression préférée, être une mauvaise personne. Peu importe ce qu'on fait, tout est toujours mauvais. Faire quelque chose en prenant son temps ? Une volée de coups car on est lent, on traîne. Aller vite ? Une volée de coups car on bâcle les choses."

Les souvenirs sont restés gravés dans tes os, dans ta mémoire. Même si avec tes maladies, tu peux oublier, il ne faut pas grand chose pour que cela revienne.

Même si c'est moi qui tiens tes souvenirs un peu captifs, tu m'en excuseras...

Tu n'en veux pas à Cyfer, il ne le fait pas pour te causer du tort.

"Ceux qui m'ont fait ça étaient un oncle et une tante. Ma propre famille. A peine avais-je posé un pied chez eux qu'ils m'ont frappé. Elle me hurlait dessus car je réclamais ma mère. Ils m'ont battu car je les ai regardés, et car je ne les ai pas regardés. Car je faisais tomber des objets trop lourds à porter pour mon âge, et car je ne les faisais pas tomber."

De l'amour, ça ? Quel genre de monstre aime en faisant du mal à ses proches ?

Tu sentais toujours Cyfer à moitié appuyé sur tes épaules, et tu le remerciais intérieurement de maintenir cette position. Il t'empêchait ainsi de te lever, ou de faire quelque chose de stupide.

"Je n'appelle pas cela de l'amour. Pas quand du haut de mes quatre ans, on me faisait travailler comme un esclave. Pas quand leur première réaction, après avoir vu que je n'étais plus attaché dans la cave, a été de s'accuser mutuellement de m'avoir tué. Pas quand je les ai entendus m'insulter des pires mots."
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Mar 6 Avr - 21:45



Lundi 17 février 2110

J’ai l’impression d’être complètement perdu dans les explications qui me sont données. D’abord il m’a dit que je suis malade. Mais je ne le crois pas depuis le début. D’un autre côté, il n’est pas revenu dessus pour me parler de mes parents. Et c’est là que tout coince. Il prétend que mes parents me maltraitent, qu’ils sont méchants avec moi et qu’ils n’ont pas le droit de faire ça. De même qu’il est persuadé que je ne fais rien de mal et que tout est de leur faute. D’autres personnes m’ont dit la même chose, mais la manière de le faire rend la situation bien différente. Quoique… L’adulte qui a sauvé Shan m’avait donné une sensation similaire. Il avait néanmoins été bien plus doux, plus tranquille avec moi. Celui qui se trouve actuellement à côté de moi est plus ferme. En plus de cela, comme si tout cela ne suffisait pas, il a l’air de savoir de quoi il parle. Après tout, il me donne des exemples que je vis à la maison. Il y a aussi une ou deux points qui me sont inconnus, mais lui n’a pas la preuve d’amour que je connais régulièrement. Ce que Aiji a dénoncé comme étant anormal. Je ne veux pas les croire ! J’ai besoin de l’amour de mes parents, de leurs attentions à mon égard, pour ne pas devenir complètement fou. Ils sont, après tout, les seuls à m’accepter comme je suis même si je les désespère régulièrement avec mes bêtises constantes. Je suis une mauvaise personne et je tiens à le faire savoir à cet inconnu pour qu’il cesse de dire du mal de ces personnes qui prennent soin de moi malgré tout.

J’ai énormément de mal à parler tant les émotions affluent. Peur, surprise, choc, altruisme… Beaucoup trop de pensées bataillent également dans mon esprit. Néanmoins, par je ne sais quel miracle, je parviens tout de même à lui affirmer ce que je crois dur comme fer être la vérité. La réponse de mon interlocuteur ne se fait pas attendre et plante de nouveaux doutes que j’essaie d’occulter. Mes parents ne peuvent pas être comme il les dépeint.

C’est sûr qu’il y a pas plus dénigrant d’la part des parents.

Shan en rajoute lui aussi des couches sans prêter attention à mes états d’âme. Il est beaucoup trop d’accord avec d’autres que moi et je n’aime pas ça. Pas du tout ! Je serre donc les dents si fort que je pourrais finir pas me les casser en écoutant ce que le plus expérimenté a à dire. Selon lui, quoi qu’on fasse, rien n’est “bien”. Et avec les nouveaux exemples qu’il me donne, je ne peux pas dire qu’il a tort. S’en est terriblement douloureux. Je le vis moi aussi. Il est si rare que mes parents soient heureux. Et quand ils le sont, je finis toujours par les mettre à nouveau en colère. Mais c’est ma faute puisque c’est moi qui ne fait pas ce qu’il faut pour les contenter. Je devrais savoir quand ils veulent que je sois rapide ou non, voire quand ils souhaitent que je fasse du bruit ou pas.

C’est un sacré miroir qu’t’as là, Yuki.

Shan a raison. Et ce miroir n’est que plus flagrant quand l’autre continue à m’expliquer ce qu’il sait, ce qu’il a vécu. Si je dois faire face à mes parents depuis toujours, lui devait tenir tête à des membres un peu moins importants de sa famille. Je ne connais pas mes oncles et tantes, donc je ne sais pas s’ils sont tous comme ça. Mais maintenant que j’ai cette information, je voudrais seulement qu’il arrête de m’en dire plus. J’ai l’impression qu’il ne fait que détruire à petit feu toute la normalité de ma vie. Ce pilier qui a régi toute mon existence est sur le point de s’effondrer. Même mon chat de fortune ne m’est d’aucune aide en enfonçant un peu plus le clou. J’ai mal à la poitrine en pensant qu’il est d’accord avec les personnes qui me dénigrent mes parents et leur manière de faire. J’ai la nausée quand je laisse la pensée que mon comportement n’y est pour rien. Je préfère l’occulter totalement pour éviter de souffrir plus. Pourtant, rien n’est terminé. Le garçon, malgré ses pauses, continue de me dire ce qu’il pense de tout ça. Et le troisième point qu’il aborde est celui qui me permet de garder la raison. Il ne le dit pas directement, mais il me semble qu’en prétendant ne pas avoir vu d’amour dans le comportement des membres de sa famille qui l’ont… “maltraité” comme il dit, il juge également que la manière dont je suis traité n’en est pas. Cette fois, je ne tiens plus. La peur me déserte presque en totalité et je laisse ma façon de penser traverser la barrière de mes lèvres sans filtre et sans aucune douceur, comme si le désespoir seul était désormais capable de m’animer :

Mes parents m’aiment !! Pour toi c’est pas d’l’amour… Mais… Mais j’ai connu que ça ! Je vois pas comment on pourrait m’aimer autrement !!! Je… je fais tout de travers et ils ont raison de me dire quand je ne fais pas les choses comme il faut !! Tu les connais pas ! Personne les connait ! Alors j’veux qu’on arrête de les critiquer comme ça !!!


Moi j’les connais, Yuki.

Et alors ?! Même si tu les connais, tu peux pas dire que j’fais les choses bien !! Tu dois l’voir, non ?!!


Ben justement, comme tu es un peu comme lui, j’vois pas pourquoi tes parent s’raient différents de son oncle et sa tant en fait…





Pour une fois, Shan est terriblement calme. Tant et si bien que ses paroles me font encore plus mal que celles de mon interlocuteur humain. Les larmes que j’ai senti naître de plus en plus au fond de moi font leur apparition sur mon visage et, sans parvenir à m’arrêter ou le cacher, je me mets à pleurer. Je fais comme je peux pour faire le moins de bruit possible. D’un autre côté, contrastant avec cet effort, je me mets à geindre pour extérioriser ce que j’ai encore sur le coeur :

J’ai besoin de mes parents… J’ai besoin qu’ils soient avec moi… C’est pas grave s’ils m’aiment pas… J’veux pas qu’ils m’abandonnent… ! Sans eux… Sans eux j’serais perdu… Parce que moi j’les aime très fort… J’veux pas être séparé d’eux… Alors… Alors…


Ne pouvant plus prononcer le moindre mot, je n’écoute plus vraiment au moins le temps de me libérer de toutes ces larmes. Pourquoi ? Pourquoi ne me demande-t-on pas mon avis ? Et pourquoi, quand on me le demande, on me dit que je fais fausse route ?
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Yubel Von Sleben

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Mar 6 Avr - 23:20
Tu sais ce que ça fait d'être maltraité. D'être insulté, rabaissé plus bas qu'à terre. D'avoir sa vie en danger à chaque seconde qui passe, de ne pas savoir ce qui est à faire. De ne pas avoir à manger ou à boire durant des jours entiers. De savoir que d'autres observent et ne font rien... qu'ils laissent tes bourreaux te briser à petit feu. Tu n'as pas eu d'autre choix : c'était ta survie ou ta santé mentale. Tu as laissé ton innocence derrière toi, acceptant de suivre un chemin taché de rouge pour t'échapper de ton Enfer.

"Mes parents m’aiment !! Pour toi c’est pas d’l’amour… Mais… Mais j’ai connu que ça ! Je vois pas comment on pourrait m’aimer autrement !!! Je… je fais tout de travers et ils ont raison de me dire quand je ne fais pas les choses comme il faut !! Tu les connais pas ! Personne les connaît ! Alors j’veux qu’on arrête de les critiquer comme ça !!!"

Un grondement sourd résonne dans ta poitrine. Tu rêves de bondir de ta chaise, de le secouer, de lui ouvrir les yeux. Tu voudrais t'échapper d'ici, trouver sa maison, faire subir à ses parents le sort que tu as fait subir à tes bourreaux. Tu voudrais leur faire avouer face au gamin, leur faire cracher toute la haine qu'ils peuvent éprouver à son égard, afin qu'il réalise.

"Et alors ?! Même si tu les connais, tu peux pas dire que j’fais les choses bien !! Tu dois l’voir, non ?!!"

Du calme, Yubel...

Sans la pression des mains de Cyfer sur tes épaules, tu serais déjà parti. Tu fermes les yeux, tentant de contrôler cette habituelle rage qui te possède, tentant de ne pas échapper à tout contrôle comme c'est trop souvent le cas. Les médicaments ne font pas franchement effet sur toi, vu que tu les recraches souvent.


"J’ai besoin de mes parents… J’ai besoin qu’ils soient avec moi… C’est pas grave s’ils m’aiment pas… J’veux pas qu’ils m’abandonnent… ! Sans eux… Sans eux j’serais perdu… Parce que moi j’les aime très fort… J’veux pas être séparé d’eux… Alors… Alors…"

"Alors tu préfères qu'ils continuent à te faire du mal, jusqu'à s'en prendre à ceux à qui tu tiens ?"

Les mots t'ont échappé avant que tu aies pu les retenir. Tu n'es pas du genre à prendre des gants, à l'inverse de Cyfer.

"Parce que c'est ce qui va arriver. Ils s'en prendront à Shan. Et cette fois là, tu ne pourras pas dire qu'on t'aura pas prévenu."

Tu rouvres les yeux. Tu ne montres aucune expression, mais tu bous de rage à l'intérieur. Mieux vaut pour tout le monde que Cyfer ne te lâche pas...

"Ils te briseront mentalement, jusqu'à ce qu'ils puissent te briser physiquement. Jusqu'au moment où ils pourront se débarrasser de toi, car tu leur seras devenu trop encombrant. Tu n'as qu'à les amener à moi. A quelqu'un qui sait. Quelqu'un qui leur fera avouer."

Yubel, tu vas trop loin !

"Alors fais-moi taire, Cyfer. Fais-moi taire si tu estimes que j'ai tort."

...

Cyfer ne pouvait pas faire les deux. Il ne pouvait pas te retenir physiquement, et te forcer à rendre ta place. Surtout qu'il ne se manifestait que lorsqu'il avait la possibilité de mettre un chapeau ou d'agrémenter ta tenue d'un quelconque accessoire afin de se différencier de toi...
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Sam 10 Avr - 18:45



Lundi 17 février 2110

Il est rare que je parle autant avec quelqu’un. Je n’aime pas parler avec les autres en général de crainte que leur gentillesse ne soit qu’une façade et que, au final, je sois pris en traître par la méchanceté dont autrui apprécie me vouer sans que j’en connaisse la réelle raison. Le seul avec qui j’aime m’étaler sur ce que je ressens, sur ce qui m’est arrivé ou autres, c’est Shan. Quoique, je me demande si avec Aiji cela pourrait également être le cas maintenant ? Je me suis beaucoup rapproché de lui mine de rien. Pourtant, ce n’est ni à l’un et encore moins à l’autre que je suis en train de m’adresser, mais un parfait inconnu dont je ne connais pas du tout le prénom. Je lui avoue ce que j’ai sur le cœur, ma manière de penser et je tente de toutes mes forces de mettre des mots sur ce que je pense avoir besoin afin d’avancer. Et ce, sans l’aide de Shan qui me regarde avec tristesse. Malheureusement, je ne parviens pas à terminer puisque je n’ai pas de solution. Je dois rester avec ceux que j’aime et qui ont pris soin de moi depuis que je suis né sans quoi je serais définitivement seul. Une solitude qui me pèse déjà énormément et que je n’accepte pas. Sans Shan, je n’aurais jamais pu supporter cette vie. Sans mes parents je serais comme abandonné dans une existence sans but. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont mauvais. Je ne peux pas l’accepter !

Je ne comprends pas la première partie de la phrase de l’inconnu. Mais cela a le mérite de me faire écouter la suite malgré mes pleurs que je ne parviens pas à arrêter. Mes hoquets ne sont pas bruyants puisque je fais tout pour les taire, les rendre bien moins puissants qu’ils ne l’étaient avant qu’il ne prenne la parole. Doucement je secoue la tête pour répondre sur ma volonté de laisser mes parents s’en prendre au chat de fortune. Ce dernier tient sa lourde tête avec sa patte en me regardant, visiblement agacé.

Cette conversation tourne en rond…

Et sans me laisser le moindre répit, l’autre continue à penser que ma famille n’est faite que de monstres. Mes dents se serrent. Si tel est vraiment le cas, alors je ne pourrais que me considérer comme étant le même monstre qu’eux. S’il arrive quoi que ce soit à Shan, c’est que je ne l’aurais pas protégé et cela ne signifiera rien d’autre que je ne suis pas mieux que mes parents. En plus, les chats ne faisant pas de chiens, il n’y a pas de raison que je ne sois pas comme eux.

Tout l’monde s’tue à t’dire qu’c’est pas l’cas !

Mon regard noyé de larmes se pose sur la peluche dans mes bras, surpris qu’il réponde à mes pensées. Finalement, j’ai peut-être parlé à voix haute de manière à ce qu’il m’entende ? C’est la seule explication logique que j’ai et qui me permet d’accepter ce qu’il vient de m’affirmer. Certes, tout le monde cherche à me rassurer en prétendant que je suis un bon garçon. Mais qui, parmi toutes ces personnes, me connaissait réellement ? Personne. Souvent, ce sont ceux qui viennent de me rencontrer qui me disent ce genre de paroles. Les autres préfèrent me harceler et s’en prendre à moi comme pour me punir. Que ce soit pour mon existence seule ou pour une faute que je ne me rappelle pas avoir commise. Comme celui qui se trouve accroupi sur ma chaise sans bouger autre chose que son visage pour me regarder ou me parler. Pourtant, lui a vécu bien assez de similitudes avec moi pour savoir au moins un peu de quoi il parle…

Je ne peux toujours pas le croire. Je n’y arrive pas. Voir mes parents comme les monstres qu’il continue de me décrire est au-dessus de mes forces. Je les aime bien trop pour ça. Cela doit se voir par mon expression et/ou mon silence puisqu’il me fait une proposition similaire à celle de monsieur Kisanagi il me semble. Celle de mettre au grand jour ce à quoi pensent mes parents. Celle de les dénoncer. Quoique… cet inconnu veut juste que je le sache alors qu’ils avouent leurs intentions à un autre. A quoi bon ? Cela ne changera rien de ce que je ressens pour eux. Alors, à quoi bon ? Si c’est pour me séparer d’eux, je n’en ai pas l’envie et encore moins la volonté. J’ai besoin d’eux ! Mon existence est indissociable à la leur.

Soudainement, je sursaute alors qu’il parle à Cyfer, l’existence que je ne peux ni voir, ni entendre. Apparemment, ils ne sont pas d’accord tous les deux. Je regarde le garçon en tournant la tête le temps d’un instant. Puis, je regarde à nouveau Shan qui me toise du regard. De ce que je peux comprendre de son attitude, c’est qu’il est encore du côté de ceux qui s’en prennent à mes parents, s’opposant alors à moi. Je n’aime pas ça du tout. Beaucoup d’idées s’opposent. Aucune n’est du côté de ma volonté ou de mes croyances. Et le pire reste que je suis incapable de faire le tri dans mon état. J’aimerais tellement que quelqu’un intervienne pour m’aider… Que quelqu’un me protège de tout ce qui m’est dit. Personnellement, je n’ai plus les mots pour faire passer mes idées qui, de toute façon, vont être réfutées avec une facilité déconcertante. Une facilité que je n’ai pas…

Doucement, lentement, le regard plus ou moins dans le vague, je me glisse sur le bord du lit à l’opposé du garçon, lui tournant ainsi le dos. Je ne veux plus parler de tout ça. J’en ai assez. Et, de toute manière, il ne tiendra pas compte de ce que je ressens comme la plupart des autres. Je pose ainsi le verre que j’avais encore dans les mains sur la tablette à côté du lit et, assis, je prends le temps de savoir ce que je peux faire. Je veux voir Aiji… mais si je traine trop pour rentrer au dortoir, je risque de me faire prendre par les adultes et me faire gronder. Mes parents seront peut-être mis au courant aussi. Je passe une main dans la poche de mon jean en ignorant ma tête qui tourne un peu. Elle n’est pas là. Je n’ai pas ma lame et je m’en sens extrêmement déçu. Mon regard se porte sur ce qui se trouve autour de moi malgré la pénombre en espérant trouver quelque chose pour me couper. Sur le bureau peut-être ?

C’est pas l’moment.

Je n’écoute pas Shan, préférant suivre cette idée de me punir avant que d’autres ne le fassent. L’un n’évitera sans doute pas l’autre, mais est-ce un problème ? Je n’en sais rien. Je ne sais plus. On vient de frapper avec tant de force mes certitudes et toutes les bases sur lesquelles je me suis appuyé toute ma vie durant que je ne sais plus ce que je dois croire maintenant. Et c’est également la raison pour laquelle je n’ai aucune hésitation en prenant le cutter que je trouve dans un pot sur le bureau. Bien qu’il ne cesse de râler, Shan ne bouge pas quand je le pose sur ledit bureau pour être plus libre de mes mouvements. Puis, si je me coupe un peu trop fort, je risquerais de le salir si je le tiens contre moi. Mieux vaut éviter ça.
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Yubel Von Sleben

Yubel Von Sleben

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Sam 10 Avr - 23:03
Toi et Cyfer n'étiez pas toujours d'accord, et il vous arrivait parfois de vous disputer. Mais jamais à ce point. Jamais au point où il te somme... non, au point où il t'implore de te taire car tes mots sont trop cruels. En temps normal, il te fait des reproches, il t'ordonne de baisser d'un ton, voire il trouve moyen de te faire taire en te frappant. Mais tu ne l'as jamais entendu te supplier presque. Lui, le Roi des rats, il se met presque à un niveau inférieur à toi ? C'est inattendu.

Tes mots sont durs, cruels, mais c'est justement le but que de le secouer, que de le pousser à ouvrir les yeux. Tu veux qu'il s'en sorte avant de finir comme toi, ou pire, avant que ses bourreaux ne parviennent à leurs fins... tu serais capable de faire pire que tout ce que tu as pu réaliser s'il vient à se briser pour de bon. Tu ne veux pas qu'il soit enfermé ici, car ici, ce n'est pas un lieu pour lui. Tu ne te souviens pas de tout, il t'arrive d'avoir quelques passages de nuits dont les souvenirs t'échappent... mais tu sais au moins ça : il ne doit pas finir interné ici.

Ca suffit, Yubel ! Tu dois te calmer, tu ne dois pas lui parler comme ça ! Il est fragile, beaucoup plus que toi !

Sauf que fragile, tu l'étais davantage la première fois qu'il s'est montré à toi. Tu avais cru que tu avais commis l'impardonnable, tu avais cru que tu t'étais condamné à une mort certaine.

Si moi j'ai pu prendre ta place, ce n'est pas le cas de Shan ! Il ne pourra pas l'obliger à agir, c'est un chat, pas un rat !

Trop occupé à écouter les reproches de Cyfer, tu ne remarques pas de suite que le gamin est descendu du lit. Tu es même bien trop plongé dans cette dispute que tu n'as pas fait attention au fait que Cyfer ne te retient plus. Tu ne le remarques finalement que lorsque tu le vois face à toi, en train de te houspiller. Tu soutiens son regard, tes yeux d'acier soutenant ceux plus noirs de ton compagnon d'infortune que tu es seul à voir. Tu n'avais jamais remarqué qu'il avait les yeux noirs... non, il les a de la même couleur que toi.

Il faut que tu t'excuses ! Même si tu dis la vérité, il faut que tu t'excuses pour la froideur de tes mots !

T'excuser ? Certainement pas. Et au moment où tu reposes ton regard sur le lit, tu constates qu'il est vide. Où est passé le gamin ? Il n'a pas pu sortir, cela ne fait pas si longtemps que ça que tu es pris dans cette dispute... si ?

Repose ça tout de suite !

Tu tournes la tête pour observer Cyfer qui est un peu plus loin. Et tu vois un objet dont tu reconnais la lueur dans la nuit : une lame. Tu te lèves d'un bond, la chaise vacillant un instant sur ses pieds mais restant finalement droite. En deux ou trois enjambées, tu le rejoins - et tu doutes qu'il t'ait entendu, aussi bien car ton pas est discret que parce qu'il est plongé dans ce qu'il veut faire. Tu lui arraches littéralement le cutter des mains sans lui laisser le temps d'aller au bout de son geste.

"Tu n'as pas écouté ce que j'ai dit ? Tu veux vraiment qu'ils parviennent à leurs fins ? Tu veux abandonner ton Shan ?"

Tes yeux d'acier fixent sans aucune pitié le blondinet. Tu es prêt à te répéter encore, à tout lui dire jusqu'à ce qu'il l'intègre finalement. Mais Cyfer choisit cet instant pour tenter de s'imposer, ce qui te vaut de reculer en grondant de douleur.

"Cyfer, stop..."

Je ne veux pas que tu le fasses souffrir !

Tu tiens toujours le cutter dans ta main fermement, tu ne lui rendras pas.
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Dim 11 Avr - 16:38



Lundi 17 février 2110

Je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre que me couper encore une fois. Je ne connais pas de meilleure punition que je puisse m’infliger. Je n’ai pas d’autres moyens. Mes parents en ont plus et je sais combien ils ont raison. C’est juste que personne n’est capable de les comprendre ni de voir à quel point je suis horrible. Je dois avoir une tête terriblement angélique pour tromper tout le monde de cette manière. Et le fait que je sois faible ne doit clairement pas aider à se méfier de ma petite personne. Le désespoir de mes parents me paraît désormais plus limpide que jamais. Je suis sorti des dortoirs en pleine nuit alors que ce n’est pas permis. Cela fait de moi une personne prompte à tromper les autres pour arriver à ses fins. Je descends régulièrement dans les souterrains malgré les interdictions et les mises en gardes que j’ai reçu par bon nombre de personnes. De ce fait, je démontre également que je n’écoute ni les règles, ni ce qu’on me raconte par pur égoïsme. Rien qu’avec cela, comment peut-on voir en moi une personne bien ? Je ne comprends vraiment pas ce qu’on voit de bon en moi. Gentil ? Tu parles… Je ne fais absolument rien pour personne. Même ceux que je porte dans mon cœur. Perdu ? Comment pourrais-je ne pas l’être avec tout ce qu’on me dit. Insultes, critiques sur mes parents, et même le fait que je puisse être atteint d’une maladie maintenant… Et Shan qui ne semble plus du tout de mon côté maintenant…

Enfermé dans mes réflexions et mon geste qui m’est désormais parfaitement naturel, sans ressentir la moindre sensation de peur, je suis pris par surprise par un geste devant mes yeux. je ne m’y attendais pas. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Pire, je ne me rends pas compte tout de suite que je n’ai plus la lame en main. Je ne le réalise qu’une fois que celle-ci est hors de ma portée, alors que j’entends l’inconnu. Je sursaute d’ailleurs en me tournant dans sa direction pour le regarder. Comment a-t-il fait pour être là si rapidement ? Et pourquoi m’arrête-t-il ? Quel lien avec ce qu’il m’a dit plus tôt ? Franchement, je me sens complètement perdu par ce qui est en train de se passer. Par ses paroles qui me paraissent n’avoir aucun sens. Tout comme la colère qui semble l’animer et qui, plus que l’idée de me faire du mal, me terrifie. Il va me frapper ? D’une certaine manière je l’aurais mérité même si c’est pas pour cela qu’il le ferait de ce que je comprends, mais je ne tiens pas à ressentir les coups. Surtout d’une autre personne que mes parents.

Profitant qu’il semble être un peu moins concentré sur moi, peut-être à cause de son “Cyfer” à qui il parle un instant, je m’élance dans sa direction en espérant lui reprendre la lame qu’il a désormais en main. Mes sourcils sont froncés par la concentration et la volonté d’aller jusqu’au bout malgré les larmes qui brouillent un peu ma vue. Mais, ne parvenant pas à faire ce que je veux, notamment parce qu’il semble plus fort, plus agile et surtout plus grand que moi, je me mets à lui énoncer à nouveau ce que je pense sans filtre, sans vraiment réfléchir :

Rends-le moi !! Je dois me punir maint’nant si je veux comprendre que je fais pas les choses bien !


Si on t’écoutais, ce s’rait jamais l’cas…

C’est jamais l’cas !!


Je jette un regard assassin à Shan alors que je m'époumone sur cette vérité que personne ne veut jamais comprendre. Puis, le chat restant silencieux, certainement par dépit, je porte ce même regard à cette personne qui prétend tout savoir pour continuer sur ma lancée :

J’veux pas abandonner Shan ! C’est pas mon but ! Et mes parents y sont pour rien ! J’ai choisi tout seul de me punir pour toutes mes erreurs. Arrête de leur mettre toutes mes erreurs sur leur dos !


Sans me calmer, je tends une main, paume dirigée vers le plafond pour lui demander, en laissant toujours la colère habituellement enfermée dans un recoin oublié de mon coeur m’animer :

Maint’nant, rend-le moi.
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Yubel Von Sleben

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Dim 11 Avr - 18:01
Il est hors de question que tu le laisses s'infliger d'autres blessures. Peu importe si tu dois en venir à cracher ta rage, peu importe si tu finis blessé. Après tout, tu as l'habitude de finir à l'isolement, que ce soit à cause de ton agressivité habituelle ou du fait que tu te rendes parfois malade. Ils ne t'apprécient pas, et l'inverse est tout aussi vrai. Tout comme tu n'es généralement pas très apprécié de tes camarades, possiblement parce que tu es le plus violent de tous et que tu te fiches pas mal d'agresser des gens qui n'ont rien fait.

Tu ne te souviens pas de tout, mais tu sais qu'il ne doit pas finir ici. Tu sais qu'il sera plus en sécurité dehors, et pas interné. Pas seulement parce qu'il se fera dévorer par les autres.


"Rends-le moi !! Je dois me punir maint’nant si je veux comprendre que je fais pas les choses bien !"

Se punir ? Parce qu'en plus, il estime que les punitions qu'il reçoit ne sont pas assez ? Parce qu'il estime que tes paroles comptent pour du vent ?

"J’veux pas abandonner Shan ! C’est pas mon but ! Et mes parents y sont pour rien ! J’ai choisi tout seul de me punir pour toutes mes erreurs. Arrête de leur mettre toutes mes erreurs sur leur dos ! Maint’nant, rend-le moi."

Non, tu ne lui rendras pas.

Yubel ! Calme-toi, il faut lui parler avec--

Cyfer n'a pas le temps de finir sa phrase que tu serres fortement le cutter dans ta main, la douleur t'aidant étrangement à garder le contrôle et à repousser une seconde tentative de ton colocataire.

"Est-ce que les punitions que tu t'infliges réduisent celles infligées par tes bourreaux ? Est-ce qu'une fois, ils se sont dit "oh, il s'est puni tout seul, il a compris qu'il a fait quelque chose de mal" ? Non. Tu le sais aussi bien que moi."

Cyfer est tenu à distance, il ne peut rien faire à part te hurler de le laisser en paix.

"Ils veulent se débarrasser de toi. Ils ne peuvent pas t'abandonner, ce serait trop visible. Ils ne peuvent pas te tuer, ce serait trop suspect. Alors ils essaient de te briser physiquement et mentalement, jusqu'à ce que tu en viennes à t'éliminer toi-même."

Peu importe si ça fait mal. Il doit savoir.

"Et tu ne veux pas l'abandonner ? Alors pourquoi tu restes dans cet Enfer ? Pourquoi tu les laisses te faire souffrir ? Pourquoi tu les autorise à aller plus loin encore, jusqu'au jour où ils s'en prendront à lui pour te faire souffrir ?"

Tu parles par vécu.

"Et si tu finis brisé mentalement, ils auront une raison pour t'enfermer ici. Crois-moi, tu ne veux pas finir ici."
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Anonymous

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Lun 12 Avr - 4:22



Lundi 17 février 2110

Bien sûr, parler avec une telle colère n’est pas la meilleure chose que je puisse faire en l’instant. Mais j’en ai assez qu’on dise sans cesse du mal de mes parents en me voyant comme un saint, ou un gamin incapable de faire le moindre mal à qui que ce soit. Quoi que je fasse, quoi que je dise, cela ne s’arrête jamais. Ils sont constamment en train de me dire que je suis une bonne personne et que ceux qui sont à blâmer sont ceux qui, pourtant, prennent soin de moi depuis ma petite enfance. Alors, cette fois, j’explose. Il faut que je les défende à tout prix. Même Shan paye le prix de ce sentiment que je ne connais que trop peu, ce qui semble le faire taire. Quoique je l’entends encore marmonner. Mais je ne comprends aucun de ses mots. Soit je crie bien trop fort pour cela, soit c’est mon attention qui est trop mauvaise. De toute façon, c’est pour le mieux puisque je n’ai aucune envie de constater encore une fois qu’il se réfugie dans l’avis des autres alors que, jusqu'à maintenant, il était toujours de mon côté. Cela me déchire. Je le vis comme une trahison. Sans lui, que deviendrais-je ? Bien sûr que je souhaite le protéger malgré tout puisqu’il est mon meilleur ami depuis ma petite enfance ! Mais ce n’est pas pour autant que je peux accepter ou même pardonner le fait qu’il ne soit pas capable de se ranger de mon côté, de me soutenir, alors que je fais face à ces personnes qui me font du mal.

Aucun des gestes de mon interlocuteur humain n’est destiné à répondre à ma demande de manière favorable. Au contraire, avec sa mine aussi sévère que la mienne, il continue de me fixer et reprend immédiatement. Il me paraît froid, bien plus tranchant que ce que je peux être capable de le faire. Et ses mots perturbent de plus en plus mon esprit. Maintenant qu’il a insinué une graine nommée “doute”, il ne cesse de la faire grandir en la nourrissant de ses propos qui ne connaissent aucunement le mot “hésitation”. Des propos qui ne font qu’insister sur ce qu’il m’a déjà dit plus tôt, qui m’ont choqué et complètement chamboulé plus tôt. D’abord avec des questions. J’ai envie de répondre à la première en lui demandant vivement de cesser de nommer mes parents de la sorte. Malheureusement, il me coupe l’herbe sous le pied en enchaînant avec la seconde qui me fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac.

Arrête…


Ce murmure ne connaît aucune réponse, qu’elle soit silencieuse ou verbale, comme s’il ne l’avait pas entendu. Cela ne serait pas étonnant puisqu’il reste sur son idée de me démontrer qu’il a raison avec rien d’autre qu’un exemple qui étaye sa question qui doit être rhétorique, destinée à me faire seulement comprendre qu’il a raison. Et il a raison au moins sur ce point et il le sait. Lui-même l’affirme et cela ne fait que me tirer une nouvelle plainte dans laquelle Shan semble me rejoindre en coeur :

Arrête…


Loin de l’émouvoir, à moins que je n’ai pas parlé assez fort pour qu’il puisse m’entendre, il continue sans faire preuve de la moindre tendresse bien qu’il prétende savoir ce que je vis. Il continue en affirmant connaître mes parents et leur manière de faire, la raison pour laquelle ils me traitent aussi durement. Mais comment cela peut-il être possible ? Bien qu’il ait vécu une enfance similaire à la mienne, il ne connaît pas ceux qui m’ont donné la vie. Alors comment peut-il seulement prétendre savoir à quoi ils pensent ?! Comment peut-il penser qu’ils veulent absolument se débarrasser de moi ? C’est n’importe quoi !

Arrête.


Cette fois, ma demande est plus ferme. J’ai également entendu Shan bien plus clairement que plus tôt. Pourtant, rien ne semble pouvoir arrêter le garçon. Cela me blesse. Beaucoup. Surtout que, maintenant, il s’en prend à ma volonté de protéger Shan. Bien sûr que je le souhaite ! De toutes mes forces ! Mais, encore une fois, il ne me laisse pas répondre à ses questions, enchaînant avec des propos qui me font à nouveau répéter avec toujours plus de vigueur et de force :

Arrête !


Pourquoi, pourquoi… Cette question qui revient sans cesse alors que, finalement, il n’est pas prêt à écouter ce que je lui dis. Cela me donne la nausée. Bien sûr que j’aimerais que les punitions cessent et que je puisse vivre en toute quiétude avec ma famille. Mais comment cela pourrait-il être possible alors que j’ai constamment besoin d’être remis sur les rails pour ne pas perdre de vue le bon chemin ? J’ai mal à la tête… Je doute… Mais je dois garder foi en mes parents !

Arrête !!


Je porte mes mains à mes tempes et, alors qu’il commence à proférer une sorte de menace, je hurle, au point m’égosiller, ce même mot qu’il n’a jamais voulu entendre quitte à le couper, à ne plus l’écouter :

Arrête, arrête, arrête, arrête !!!!!


Me pliant ensuite en deux, je continue de hurler, de m’exploser les cordes vocales, sans pour autant parler cette fois. Je ne veux plus l’entendre. Je ne veux plus qu’il me dise toutes ces horreurs sur ces personnes que je porte sur mon cœur. Et sa dernière phrase… Hors de question que j’y pense. Je ne suis pas malade et je ne suis pas maltraité ! Cette personne, cet inconnu, ne sait absolument rien de ma vie même s’il a vécu des expériences similaires. J’en ai assez qu’on ne cesse de mettre à mal tout ce en quoi j’ai toujours cru comme si ce n’était rien. C’est toute ma vie ! Sans cela, quel sens puis-je lui donner ?

Ce qui m’arrête finalement c’est une simple quinte de toux et le besoin de reprendre mon souffle. Un souffle que je n’arrive pas à reprendre puisque je sens une boule de billard coincée dans ma gorge, et des larmes qui finissent par noyer à nouveau mon visage. J’aimerais me laisser tomber, devenir sourd et ne plus avoir conscience de tout ce qui se passe autour de moi. Pourtant, rien ne m’est accordé et le réaliser me permet enfin d’éclater dans des sanglots bruyants desquels je ne parviens pas à me sortir alors que Shan reste étonnamment silencieux.
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